Le secteur du Design a connu de nombreuses mutations. A chaque évolution, le positionnement de l’école s'est adapté afin de garder sa pertinence.

1990 : un secteur du design marqué par une première évolution significative
Jusqu'à la fin des années 1980, la discipline du design était fréquemment appelée "esthétique industrielle" et demeurait principalement portée par des agences de design indépendantes, auxquelles faisaient appel les entreprises en fonction des projets qu'elles développaient. Dans ce contexte, le rôle du designer se limitait à celui d’un "styliste industriel". L'identification du besoin et la projection dans l'usage restaient confiées au marketing, tandis que la fabrication et l'amélioration par itérations étaient préférentiellement dévolues à l'ingénierie.
C’est l’émergence des centres de design intégrés aux entreprises dans les années 90 qui a significativement modifié le paysage. Le design sort d’un périmètre jusqu’à maintenant isolé (savoir-faire esthétique externe) pour s’intégrer dans l’entreprise, dans sa stratégie et son management. Le designer quitte alors son orientation plastique quasi-exclusive.
1996 : l’école évolue une première fois en réponse à cette nouvelle demande du marché de l’emploi
Pour répondre cette nouvelle demande, l’école fait certifier dès 1996 sa formation de "Concepteur-Designer" (titre de niveau II) mettant l'accent sur le profil d'expert du designer enrichi, très demandée par les entreprises et quasi-inexistante en France. Doté à la fois de compétences artistiques et de gestion de processus de design, ce profil comporte également une forte dimension technique et scientifique plébiscitée par les petites structures, dans lesquelles le volume d'activité en design ne pouvait pas justifier à lui seul l'embauche de designers à temps plein. Ce profil s’avère particulièrement adapté aux spécificités locales et territoriales, le tissu économique de la région PACA étant principalement constitué de PME et de TPE. La double compétence artistique-technique permet également d'assurer la fluidification du processus de conception-production en intégrant de manière naturelle et compétitive les contraintes de fabrication dès la phase de conception. Le profil de Concepteur-Designer répond donc parfaitement à la demande d’intégrer le design au sein de l’entreprise et de ses processus.
2000-2010 : des interactions croissantes entre design, valeur, stratégie et management au sein des entreprises
Les directions d’entreprises prenant conscience de la valeur ajoutée apportée par le design, les designers accèdent progressivement à des fonctions managériales au sein de grands groupes industriels, certains imposant même leur département au sein des comités de direction (ex : Renault, Décathlon, Dassault systèmes …). Passant d’un emploi initial de styliste industriel, puis de Concepteur-Designer, le Designer Manager endosse désormais un nouveau rôle nettement plus organisationnel et stratégique :
- le volet stratégique du design consiste à alimenter et respecter la stratégie d'entreprise, notamment en matière d’innovation
- le volet managérial garantit la bonne exécution du processus de design dans son intégralité
- le volet opérationnel assure la production de mediums adéquats (démonstrateurs) faisant appel à l'expertise du designer
Cette reconnaissance du design au plus haut niveau hiérarchique accompagne les efforts constants des entreprises en matière d’innovation, de stratégie produits, voire de stratégie d'entreprise. Le gouvernement, par ailleurs, confirme également le design en tant qu'outil décisif pour la compétitivité des entreprises et dans la conduite de l'innovation (Mission Design d'Alain Cadix commanditée par Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti en 2013), notamment au sein des pôles de compétitivité (Designers en Résidence). Dans cette période, les attentes en matière d’emploi et de recrutement évoluent en conséquence : les entreprises privilégient rapidement les profils de Designer Manager.
2013-2014 : l’intégration au groupe KEDGE pour répondre à ce nouveau besoin
Nos dispositifs de veille identifient alors clairement la mutation de la demande du Concepteur-Designer vers celle d’un Designer Manager. En 2013, bénéficiant de la fusion des écoles Euromed Management et BEM Bordeaux Ecole de Management, la formation connait deux changements majeurs :
- Introduction significative de la dimension « management » et « stratégie produit » dans la formation
- Consolidation de la formation sur une durée de 5 ans (niveau master of science), permettant le déploiement d’une logique de formation adaptée au nouveau profil visé de Designer Manager.
Le design : perspectives actuelles
Le marché de l’emploi continue à privilégier les Designers Managers, dans un contexte où le développement rapide du numérique impacte les processus d’innovation, de conception et de mise au point des nouveaux produits, de différenciation et de personnalisation, et d’association produits/services. On note plus particulièrement :
- La très forte croissance du design de services : les produits étant désormais quasi-systématiquement associés à des services, l’association « produit-services » étend mécaniquement le design des produits au design des services. La qualité de service, initialement apparue au moment de l’émergence du management par la qualité et de celle du marketing des services, laisse aujourd’hui place à la notion d'expérience utilisateur, impactant le champ du design : c’est l’UX Design pour User eXperience Design.
- La présence forte du web comme support des services : l'UX Design peut s'appliquer à l'ensemble des disciplines du design. Pour autant, l’UX Design est aujourd'hui principalement rattaché au design d'interaction et au web design, car ce sont historiquement les disciplines du design qui ont été les premières à être sensibilisées à la perception par l'utilisateur des contenus multimédias.
- L’impact du numérique sur la réalisation de démonstrateurs, maquettes et prototypes : ce domaine est en pleine mutation avec l'arrivée des nouvelles technologies de production accessibles à tous, partout, telles que l'impression 3D ou les cartes électroniques programmables.
- La relocalisation des systèmes de production: la relocalisation des systèmes de production incarnée par les « fablabs » (ateliers indépendants de fabrication) implique que le designer se reconnecte à des problématiques très concrètes de production et de création de systèmes de production, en développant sa fibre entrepreneuriale (à son compte (entrepreneuriat) ou à l'intérieur de structures (intrapreneuriat).
La pédagogie de l’école aujourd’hui
Aujourd’hui encore, les savoir-faire traditionnels du designer sont présents au sein de la formation (surtout au niveau Bachelor). Il s'agit de compétences fondamentales qui construisent l'identité d'un designer accompli, telles que la capacité à conceptualiser et à prototyper des idées, dans le respect d'une méthodologie de projet.
La notion de matérialité (contact et transformation de la matière), notamment à travers les projets (céramiques, textiles, bois, métaux ou encore plastiques) est une composante intrinsèque de notre formation de Bachelor Design qui laisse les étudiants de se confronter à la complexité du réel. Elle permet également d’appréhender la notion d’échelle dans le projet, en allant de l’humain (design produit) à l’habitat (design d’espace).
L’ingénierie pédagogique actuelle inclue aussi des compétences managériales (surtout au niveau Master of science) en phase avec les attentes actuelles du marché de l’emploi et nécessaires dans une perspective entrepreneuriale très présente dans le secteur du design.
Enfin, nos formations tiennent compte des récentes avancées du digital dans les professions du design, avec l'adjonction d'un axe fort autour de l'expérience utilisateur, du design centré sur l'humain et du design de services, aujourd'hui peu présent dans le paysage des formations Françaises.